LA CULTURE DU MARIJUANA SUR TERREAU: Culture du Cannabis
en Placard
Que vous cultiviez vos plants en terre ou en hydroponie, il vous faut d'abord
prévoir la taille des plants que vous désirez obtenir. Ce choix soulève des
questions de style, d'une part, et il a, d'autre part, des implications
légales évidentes, notamment en ce qui concerne le nombre des plants.
Certains, préférant obtenir des plants de grande taille, laissent à chaque
plant un espace allant d'un demi à un mètre carré (on obtient ce résultat en
espaçant les plants de cinquante centimètres dans le premier cas et d'un mètre
dans le second). Dans les jardins ainsi conçus, les plantes sont prêtes à être
mises en floraison en vingt-cinq à trente-cinq jours. Plus la plante est
petite, plus vite elle atteint ce stade. Des plants espacés de 30 cm ne
mettent que quinze à vint jours pour atteindre la taille à laquelle on peut
commencer à forcer la floraison. Avec quatre plants sur une trentaine de
centimètres carrés, ce résultat est obtenu en dix jours.
Une fois la floraison déclenchée, les plantes mettent entre quarantecinq et
quatre-vingt-dix jours pour mûrir, selon la variété utilisée. Si on les force
à fleurir alors qu'elles sont encore petites, le délai jusqu'à la récolte peut
se réduire à trente jours au maximum : la plante passe en effet moins de temps
à assurer sa propre croissance. Cette technique permet de faire une économie
de temps d'environ 33 %.
Cependant, cultiver un grand nombre de petits plants de façon à obtenir la
même récolte qu'avec les grands présente plusieurs inconvénients. D'abord,
dans la mesure où il y a plus de plants, cela demande un peu plus de travail.
Ensuite, cela pose, vis-à-vis de la loi, un problème directement proportionnel
au nombre de plants. En effet, beaucoup de juges, lorsqu'ils infligent des
condamnations, s'en tiennent au nombre de plants sans tenir compte du poids
récolté. Un énorme plant qui produit pourtant davantage que plusieurs petits
est pratiquement toujours considéré comme un défit moins important.
LATAILLE DES POTS
Le tableau ci-dessous donne la taille du pot et celle du plant approprié,
ainsi que le volume de terreau lorsque le contenant est circulaire. Il indique
également la taille maximale du plant que le pot peut supporter sans problème.
Au fur et à mesure qu'ils croissent, les plants peuvent être rempotés dans des
pots de plus en plus grands, ce qui fait gagner beaucoup de place dans le
jardin. Des plants cultivés selon la méthode de la "marée verte", très
rapprochés les uns des autres et donc forcés de fleurir alors qu'ils sont
encore petits, se contentent de godets de 10 à 12 cm de diamètre. Les pots
doivent être bien drainés : il faut qu'ils aient plusieurs trous à la base
pour permettre à l'eau de s'échapper. Ce point est extrêmement important, car
un terreau trop humide est très mauvais pour les racines et risque de faire
souffrir la plante, voire de la tuer. Dans un premier temps, les semences ou
les boutures peuvent être installées en godets, avant d'être repiquées dans
des pots plus grands à mesure de leur croissance. Plantations et rempotages
sont décrits dans le chapitre XVI, "L'entretien durant la croissance".
LE MÉLANGE DE TERRE
La marijuana s'adapte très facilement à la culture en pot et de nombreux
terreaux peuvent être utilisés pour la faire pousser. La grande majorité des
cannabiculteurs se servent de mélanges prêts à l'emploi. Ceux-ci ne
contiennent généralement pas la moindre terre végétale, mais sont faits de
tourbe ou d'écorce et sont spécialement étudiés pour leur texture et leur
capacité à retenir l'eau et les divers éléments nutritifs. Un terreau non
enrichi possède en effet assez peu de nutriments en propre. On devra donc
utiliser des engrais au moment de la plantation et lors des arrosages.
Si le planteur a l'habitude d'utiliser pour ses plantes vertes tel ou tel type
de terreau, il peut très bien prendre le même pour son nouveau jardin. Pour
ceux qui n'ont aucune expérience en la matière et ne connaissent rien aux
différentes marques, ils devront rechercher la mention "pH neutre" ou, mieux,
un pH moyen d'environ 6,5. Cela conviendra pour la plupart des plantes vertes
et pour faire germer les graines. Si la liste des ingrédients du terreau
précise qu'il contient de l'humus, du compost ou de la terre végétale, il faut
s'assurer que la mention "pasteurisé" ou "stérilisé" apparaît sur l'étiquette.
Beaucoup de terreaux disponibles sont enrichis au départ d'une petite quantité
de nutriments, de source organique ou chimique, ou des deux. Même si la liste
de leurs ingrédients mentionne cet enrichissement, la plupart ont cependant
besoin d'un apport d'engrais supplémentaires, généralement solubles dans
l'eau d'arrosage. Pour la majorité des planteurs, la culture sur terreau prêt
à l'emploi convient très bien.
Certains jardiniers préfèrent néanmoins fabriquer leur propre mélange. Je me
suis longtemps fait l'apôtre de cette façon de faire, mais, au fil du temps,
la qualité des terreaux s'est tellement améliorée que j'en fais aujourd'hui un
impératif beaucoup moins catégorique. Le gros avantage, toutefois, lorsqu'on
fabrique soi-même son terreau, c'est qu'on peut l'ajuster à ses besoins. Mais
il est possible, également, de "personnaliser" un terreau prêt à l'emploi.
Ce qui importe, c'est de faire en sorte que le terreau soit facilement
drainant tout en ayant une capacité de rétention efficace. Certains des
ingrédients sont de nature organique, c'est-à-dire qu'ils sont composés
d'éléments carbonés produits par des organismes vivants. Ils absorberont donc
les engrais puisque les micro-organismes vivant dans le substrat les
utiliseront comme nourriture. C'est pourquoi ces matériaux jouent ici le rôle
de régulateurs : dans un premier temps ils absorbent les nutriments en excès,
puis ils les relâchent graduellement.
LA COMPOSITION DES TERREAUX
LES INGRÉDIENTS ORGANIQUES
L'écorce absorbe bien l'eau et facilite le drainage. Elle est disponible en
quantités variables, et elle est stérile. On peut (utiliser pour remplacer la
pierre de lave ou les billes d'argile, ou même comme terreau à part entière.
Ses inconvénients : elle se décompose et se transforme en un compost dont les
bactéries se nourrissent des nutriments présents dans l'eau d'arrosage. De
plus, utilisée seule, elle retient finalement assez mal l'humidité et doit
donc être arrosée fréquemment. Pour les godets, on utilisera des morceaux de 1
à 2 cm; pour les pots plus grands des morceaux plus longs, de façon à obtenir
le drainage adéquat. La plupart des terreaux qu'on trouve dans le commerce se
composent principalement d'écorce hachée menue, ou moulue.
Le compost est constitué de matière végétale en décomposition sous l'effet de
micro-organismes. Il n'est pas forcément riche en nutriments, mais il
foisonne de vie, ce qui est hautement bénéfique pour les racines de la plante.
Il doit avoir une odeur de terre et provenir d'un lot "stérilisé",
c'est-à-dire qui a subi un traitement à la vapeur (80 °C) qui a éliminé les
germes pathogènes. On le trouve en jardinerie, en sachets. Il est généralement
pasteurisé ou stérilisé, mais il en existe de qualités différentes :
certaines marques vendent des sous-produits végétaux hachés sous le nom de
compost, tandis que d'autres offrent des produits entièrement artificiels.
Avant d'acheter du compost, le planteur devra le manipuler et lire
soigneusement la liste des ingrédients sur l'étiquette.
L'humus est formé de débris végétaux qui se sont décomposés en anaérobie, dans
l'eau. Il est spongieux, sa texture est fine et retient bien l'eau. Il
contient beaucoup d'hormones végétales et de régulateurs de croissance
produits naturellement par les organismes en décomposition. Lorsqu'il est
présent dans un terreau, il facilite la vie microbienne et l'absorption des
nutriments.
La tourbe est de la mousse décomposée. Elle peut retenir une énorme quantité
d'eau et elle est utilisée par de nombreuses marques de terreau pour ses
qualités nutritives. N'utilisez que de la tourbe "pH ajusté" ou "pH équilibré".
La tourbe est fine et granuleuse; sèche, elle résiste à l'imprégnation par
l'eau; c'est pourquoi il faut la préhumidifier dans son emballage, avec de
l'eau à laquelle on aura ajouté un agent humidificateur ou un détergent (une
cuiller à café pour 5 litres d'eau).
La terre arable est un mélange naturel de minéral et d'organique, riche en
nutriments et qui retient l'eau de façon tout à fait convenable. Elle fait un
excellent ingrédient dans un substrat, mais il faut éviter de l'employer seule
si l'on veut s'épargner des problèmes de drainage et de texture. On doit en
outre n'utiliser que de la terre pasteurisée ou stérilisée.
Les déjections de lombrics sont des matières végétales digérées et enrichies
par les vers : cela donne une substance riche en nutriments, biologiquement
active, qui sent bon la terre et qui est commercialisée sous le nom d'engrais
de ver. De texture fine, l'engrais de ver retient l'eau assez médiocrement.
Lorsqu'il sèche, il se transforme en petits morceaux secs et durs; on doit
donc le mélanger soigneusement avec les autres ingrédients.
LES INGRÉDIENTS MINÉRAUX
Tous les ingrédients minéraux sont théoriquement inertes. Ils ne contiennent
pas de nutriment et n'interagissent en aucune manière avec l'eau d'arrosage
enrichie.
Le gravier est constitué de petites pierres qui facilitent le drainage tout en
gardant une humidité superficielle. C'est le gravier fin, ou gravier
d'aquarium, que l'on trouve généralement dans les terreaux. On peut également
en tapisser le fond des pots afin de procurer à ceux-ci une meilleure assise.
La perlite est une roche volcanique extrêmement légère. Sa surface est
rugueuse et retient les particules d'eau. Elle est dure au toucher et ne
s'effrite pas. Elle est disponible en plusieurs tailles. La taille la plus
fine peut convenir pour la germination ou le repiquage; mais on utilisera la
taille moyenne s'il s'agit de l'incorporer dans un mélange. La perlite sèche
est très poussiéreuse. Le sac doit être humidifié avant d'en extraire le
contenu, et l'on se protégera avec un masque respiratoire afin d'éviter
d'inhaler la poussière.
Le sable favorise le drainage et empêche le mélange de s'agglomérer. On peut
utiliser aussi bien du sable d'horticulteur que du sable de construction, mais,
dans la mesure du possible, on évitera le sable de pierre à chaux. Le sable
est très lourd, et il a souvent été remplacé par la vermiculite et la perlite.
Il peut aussi servir à lester le fond des pots s'il y a risque de basculement.
La vermiculite se compose de mica expansé sous l'effet de la chaleur. Très
légère, elle absorbe plusieurs fois son propre poids en eau, tout en assurant
un bon drainage. Elle existe en plusieurs tailles. Pour la germination, le
repiquage et les plants installés en godets, la taille la plus fine convient.
Pour la plupart des autres pots, on utilisera la taille moyenne ou supérieure.
La vermiculite sèche est poussiéreuse et doit être humidifiée avant sa sortie
de l'emballage. Le masque respiratoire s'impose également dans la mesure où la
vermiculite contient, en faible quantité, de l'amiante.
FAIRE SON MÉLANGE
Il n'existe pas de mélange de terre idéal. Tous ceux qui sont décrits
ici après marcheront aussi bien les uns que les autres. Le choix d'un
mélange dépend donc d'une appréciation toute personnelle. Les possi-
bilités sont infinies.Voici les plus courantes.
LESTERREAUX ORGANIQUES
Les mélanges suivants sont destinés à servir de "sol" dans les pots si
le planteur veut faire son propre mélange. Ils contiennent des ingré-
dients organiques qui apportent quelques nutriments à la plante et
favorisent faction des engrais présents dans l'eau d'arrosage. Toutes les
mesures sont données en volumes.
1. En parties égales : perlite, vermiculite, engrais de ver et humus. Légèreté;
bon drainage, il est donc impossible de trop arroser. Ce mélange contient de
fort taux de nutriments et la vie microbienne y est très active. Il favorise
la croissance du végétal.
2. En parties égales : perlite, vermiculite, tourbe, compost ou humus, engrais
de ver. Bon drainage, riche en vie microbienne, moins de nutriments que dans
le mélange 1.
3. En parties égales : compost ou humus, gravier d'aquarium, tourbe, perlite,
vermiculite, engrais de ver. Un mélange plus lourd, qui draine bien.
4. Deux parts de chaque : vermiculite et perlite; une part de compost, d'humus
ou d'engrais de ver. Bon drainage, peu de nutriments mais rempli de
micro-organismes bénéfiques.
5. Deux parts d'engrais de ver; une part de chaque : compost ou humus,
vermiculite et perlite. Nécessite peu d'engrais au départ, celui-ci devant
être ajouté à la floraison.
6. Deux parts de terre arable; une part de vermiculite ; une part de perlite.
Contient des matériaux organiques, bon drainage, stabilité chimique.
LES ADDITIFS
Pour améliorer le mélange dans un sens ou dans un autre, il est possible
d'utiliser des additifs.Voici quelques-uns de ceux employés à l'occasion par
les jardiniers.
La pierre à chaux humidifiée apporte son calcium aux plants, qui l'utilisent
en grande quantité. Tous les engrais ne contiennent pas cet élément; on peut
donc se permettre de l'ajouter au mélange (une cuiller à café pour 5 litres de
mélange), ce qui devrait suffire aux besoins des plants. Interrogez à ce sujet
les jardiniers expérimentés car ils ont peut-être des recettes personnelles
concernant les additifs ou les nutriments.
Les cristaux polymères sont disponibles dans les jardineries et chez les
pépiniéristes. Ils ont un pouvoir d'absorption littéralement effarant et
peuvent gonfler de cent fois leur volume lorsqu'ils sont mis en contact avec
l'eau. On doit donc les utiliser avec parcimonie. Certains cultivateurs
prétendent que non seulement ils espacent les arrosages, mais qu'en plus ils
accroissent la vitesse de croissance et la vigueur du plant. Quelques mélanges
commercialisés en contiennent.
Un engrais à diffusion lente peut être utilisé pour enrichir les plants, l'eau
d'arrosage n'étant utilisée que pour diffuser l'engrais. Ces engrais sont
incorporés au mélange dès le moment de sa préparation. Ils sont faciles à
utiliser. Il en existe plusieurs formules avec des diffusions plus ou moins
lentes. Utilisez de préférence des engrais avec une diffusion étalée sur deux
à quatre mois et un engrais spécifique pour la floraison (c£ le chapitre XV).
LA PRÉPARATION DU MÉLANGE
La première chose à prendre en considération lors de la préparation du
mélange est la sécurité. La plupart des ingrédients dégagent de la poussière
lors de leur manipulation. Pour cette raison, il est conseillé de les
humidifier avant le travail. Il suffit alors d'ouvrir l'emballage et de
mouiller le contenu à l'aide d'un arrosoir. L'eau doit contenir un agent
humidificateur de manière à forcer l'imperméabilité de surface. Une cuiller à
café de liquide vaisselle pour 5 litres d'eau convient tout à fait.
Si vous utilisez de la vermiculite oie de la perlite, deux matériaux
particulièrement pulvérulents, il vous faudra travailler dans un endroit bien
ventilé, porter des gants de ménage ou de jardin, des manches longues, et
utiliser un masque. De toute façon, le meilleur moyen de régler ce problème
est d'éviter la poussière en procédant comme indiqué ci-dessus.
Ajoutons enfin qu'il est bien plus facile d'obtenir un mélange homogène en
préparant de petites quantités à la suite plutôt qu'une grosse quantité d'un
seul coup.
LA PRÉPARATION DES POTS
Neufs, les récipients n'ont pas besoin d'être lavés. S'il s'agit de pots ayant
déjà servi, ils doivent être soigneusement nettoyés de façon à éliminer le
moindre agent parasite ou infectieux. Il n'est pas nécessaire d'acheter des
godets ou des pots d'horticulture, même s'ils s'avèrent généralement plus
faciles d'emploi que les autres, en raison de leurs parois internes qui
faciliteront par la suite le dépotage et le rempotage de la motte. Une fois
le mélange obtenu, il suffit d'en remplir les pots. À l'aide d'un godet ou
d'une petite pelle, chaque pot est rempli de mélange jusqu'à environ 3 cm du
bord. Les récipients doivent être placés sur un plateau ou, encore mieux, sur
des blocs, de façon à être surélevés par rapport au sol, et ainsi ne pas se
retrouver en contact avec l'eau qui les aura traversés.
|